Wicca me sauta immédiatement au cou et me fit une accolade chaleureuse quoi qu’un peu rude. Sans même prêter attention à Térésa qui se tenait pourtant à deux pas elle se lança dans une batterie de questions sans même me laisser de temps de répondre : comment se passe la formation, est-ce que les cours sont intéressants, tu as compris les principes de base. Je fus littéralement inondé au point de chercher de l’aide auprès de mon accompagnatrice. Je réussis alors à la présenter en insistant sur le fait qu’elle était une bonne amie de cours. Grâce à elle, ajoutai-je avec un sourire un peu crispé j’avais appris énormément plus qu’avec mes livres. Aussi surprenant que cela puisse paraître Wicca ne sembla pas vexée ou jalouse en quoi que ce soit. Au contraire, elle partit dans une discussion technique avec Térésa et nous invita à partager un bol de bouillon dans un petit café de la galerie. Je soupirai discrètement en me disant qu’avoir ces deux tempéraments dans la même pièce c’était verser de l’eau glacée sur une poêle pleine d’huile bouillante.
Nous nous installâmes autour d’une table ronde sur des tabourets noirs et nous hélâmes le serveur. Celui-ci, étonnamment prompt et souple en regard de sa corpulence nous tendit des cartons listant les boissons chaudes et froides de l’établissement. Sans avoir eu le temps de réfléchir un seul instant Wicca commanda trois bouillons clairs avec une miche de pain jaune. Le serveur se retourna, prit le chemin du comptoir et disparut dans la cohue des gens accoudés au zinc lustré. Une fois libéré de cette présence je sentis l’ambiance se crisper légèrement. Somme toute Wicca et moi n’étions que de vagues connaissances bien que j’en gardais un excellent souvenir. D’ailleurs, comment oublier une telle entrée en scène ? Voir un prototype sans piston externe se vautrer lamentablement contre une façade ça n’a rien de commun ! Je remarquai aussi qu’elle avait raccourcie ses cheveux mais guère changée de tenue : une salopette de fibre grossière, un maillot à manches longues et une espèce de bandana noué comme une paysanne le ferait. Elle s’enquit alors de ma forme, de mes objectifs, chose à laquelle je répondis des banalités. Quoi dire de plus ? Elle savait pourtant que je voulais entrer à la STEAM, je lui avais déjà tout dit ou presque. Térésa se mit à son tour à deviser un peu avec la jeune femme et toutes deux se trouvèrent des terrains d’entente qui n’ont rien de féminin. Toutes les deux avaient des lectures en commun comme les magazines spécialisés ou le journal du vaporiste, hebdomadaire réputé chez tous les techniciens qui en comprennent le contenu. Bref, deux bonnes heures passèrent à tourner autour du sujet des études et de la vapeur sans vraiment s’en détacher totalement, à siroter un bouillon de volaille très clair accompagné d’un rude pain tenant plus de la brioche trop sèche que du pain moelleux sortant du four.
Soudain, Wicca eut un sourire et nous regarda tous les deux. Elle se mit à rire et nous demanda avec une désarmante franchise si nous étions ensemble. Térésa piqua du nez en rougissant tant que faire se peut et moi je choisis alors de regarder le plafond comme si je n’étais pas concerné. Elle en rit de plus belle et me chuchota à l’oreille qu’elle me taquinait. Spontanée, vivace comme une herbe folle, Wicca se leva, héla le serveur et le paya grassement. Elle nous salua et me convia à passer la voir un de ces jours, puis elle s’en alla à toute vitesse. Je fus sidéré. Elle avait disparue aussi vite qu’elle était apparue. Térésa me regarda, n’osa dire un mot et se leva. Je la suivis donc pour reprendre le chemin vers la STEAM. En chemin, elle me regarda plus d’une fois comme si elle souhaitait détailler mes expressions faciales. Quoi lui dire ? J’aimais bien Wicca tout comme je l’aimais bien aussi, difficile de faire un choix aussi déchirant, et surtout aussi délicat au pire moment de mes études. Je m’enhardis et lui dit alors qu’il serait prudent d’en parler une fois le concours passé, ce à quoi elle ne répondit que d’un accord de fond de gorge. A quoi pensait-elle donc à présent ? Elle avait tellement rougi !
Nous passâmes sous des arcades pour nous abriter de la pluie qui s’était intensifiée. Les éclairs frappaient quelque part au loin, le ruissellement rinçait le pavé. Elle s’arrêta. Je fus pris au dépourvu et fis quelques pas en trop avant que je comprenne. Je me retournai et la regarda avec intérêt. Elle ne bougeait pas, elle fixait le dallage brun de l’allée couverte. Je fis quelques pas pour lui parler, ce à quoi elle répondit juste d’un « Nous verrons après ton incorporation Barto. Allons-y ». Je me sentis alors misérable et bête. Qu’aurais-je dû faire ? Je me sentais bien en sa compagnie, mais là, j’étais perdu, totalement incapable de savoir comment ni quoi dire. En toute franchise c’était la première fois que je m’intéressai aux femmes. Jusqu’à présent j’avais toujours été un ami, un copain de jeu ou au plus un complice mais jamais plus. Ca ne s’était jamais présenté ou bien je l’évitais peut-être, allez savoir. De toute façon difficile de revenir en arrière et de décider quoi faire maintenant. J’avais peur de blesser l’une ou l’autre, d’autant plus que l’une comme l’autre avait ses qualités et son tempérament propre. Autant l’on peut comparer deux plantes, autant il est difficile de comparer la virulence d’un volcan et l’apaisement d’une forêt. Elles me faisaient songer à cela, à deux paysages splendides mais radicalement différents, aussi différents que la nature puisse faire deux jolies jeunes femmes.
En me laissant à la porte de la chambrée Térésa me déposa un baiser sur la joue, chose qu’elle n’avait jamais faite jusqu’à présent. Ensuite, elle dévala les escaliers avant que je puisse dire un mot. J’entrai dans la chambre, stupéfait et inquiet.
Nous nous installâmes autour d’une table ronde sur des tabourets noirs et nous hélâmes le serveur. Celui-ci, étonnamment prompt et souple en regard de sa corpulence nous tendit des cartons listant les boissons chaudes et froides de l’établissement. Sans avoir eu le temps de réfléchir un seul instant Wicca commanda trois bouillons clairs avec une miche de pain jaune. Le serveur se retourna, prit le chemin du comptoir et disparut dans la cohue des gens accoudés au zinc lustré. Une fois libéré de cette présence je sentis l’ambiance se crisper légèrement. Somme toute Wicca et moi n’étions que de vagues connaissances bien que j’en gardais un excellent souvenir. D’ailleurs, comment oublier une telle entrée en scène ? Voir un prototype sans piston externe se vautrer lamentablement contre une façade ça n’a rien de commun ! Je remarquai aussi qu’elle avait raccourcie ses cheveux mais guère changée de tenue : une salopette de fibre grossière, un maillot à manches longues et une espèce de bandana noué comme une paysanne le ferait. Elle s’enquit alors de ma forme, de mes objectifs, chose à laquelle je répondis des banalités. Quoi dire de plus ? Elle savait pourtant que je voulais entrer à la STEAM, je lui avais déjà tout dit ou presque. Térésa se mit à son tour à deviser un peu avec la jeune femme et toutes deux se trouvèrent des terrains d’entente qui n’ont rien de féminin. Toutes les deux avaient des lectures en commun comme les magazines spécialisés ou le journal du vaporiste, hebdomadaire réputé chez tous les techniciens qui en comprennent le contenu. Bref, deux bonnes heures passèrent à tourner autour du sujet des études et de la vapeur sans vraiment s’en détacher totalement, à siroter un bouillon de volaille très clair accompagné d’un rude pain tenant plus de la brioche trop sèche que du pain moelleux sortant du four.
Soudain, Wicca eut un sourire et nous regarda tous les deux. Elle se mit à rire et nous demanda avec une désarmante franchise si nous étions ensemble. Térésa piqua du nez en rougissant tant que faire se peut et moi je choisis alors de regarder le plafond comme si je n’étais pas concerné. Elle en rit de plus belle et me chuchota à l’oreille qu’elle me taquinait. Spontanée, vivace comme une herbe folle, Wicca se leva, héla le serveur et le paya grassement. Elle nous salua et me convia à passer la voir un de ces jours, puis elle s’en alla à toute vitesse. Je fus sidéré. Elle avait disparue aussi vite qu’elle était apparue. Térésa me regarda, n’osa dire un mot et se leva. Je la suivis donc pour reprendre le chemin vers la STEAM. En chemin, elle me regarda plus d’une fois comme si elle souhaitait détailler mes expressions faciales. Quoi lui dire ? J’aimais bien Wicca tout comme je l’aimais bien aussi, difficile de faire un choix aussi déchirant, et surtout aussi délicat au pire moment de mes études. Je m’enhardis et lui dit alors qu’il serait prudent d’en parler une fois le concours passé, ce à quoi elle ne répondit que d’un accord de fond de gorge. A quoi pensait-elle donc à présent ? Elle avait tellement rougi !
Nous passâmes sous des arcades pour nous abriter de la pluie qui s’était intensifiée. Les éclairs frappaient quelque part au loin, le ruissellement rinçait le pavé. Elle s’arrêta. Je fus pris au dépourvu et fis quelques pas en trop avant que je comprenne. Je me retournai et la regarda avec intérêt. Elle ne bougeait pas, elle fixait le dallage brun de l’allée couverte. Je fis quelques pas pour lui parler, ce à quoi elle répondit juste d’un « Nous verrons après ton incorporation Barto. Allons-y ». Je me sentis alors misérable et bête. Qu’aurais-je dû faire ? Je me sentais bien en sa compagnie, mais là, j’étais perdu, totalement incapable de savoir comment ni quoi dire. En toute franchise c’était la première fois que je m’intéressai aux femmes. Jusqu’à présent j’avais toujours été un ami, un copain de jeu ou au plus un complice mais jamais plus. Ca ne s’était jamais présenté ou bien je l’évitais peut-être, allez savoir. De toute façon difficile de revenir en arrière et de décider quoi faire maintenant. J’avais peur de blesser l’une ou l’autre, d’autant plus que l’une comme l’autre avait ses qualités et son tempérament propre. Autant l’on peut comparer deux plantes, autant il est difficile de comparer la virulence d’un volcan et l’apaisement d’une forêt. Elles me faisaient songer à cela, à deux paysages splendides mais radicalement différents, aussi différents que la nature puisse faire deux jolies jeunes femmes.
En me laissant à la porte de la chambrée Térésa me déposa un baiser sur la joue, chose qu’elle n’avait jamais faite jusqu’à présent. Ensuite, elle dévala les escaliers avant que je puisse dire un mot. J’entrai dans la chambre, stupéfait et inquiet.
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